lundi 5 mars 2007

Viellir, mieux vaut en rire...

Ce pourrait presque être le printemps... La fenêtre entr’ouverte le fait espérer et la radio débite en sourdine le programme immuable de chaque matinée, quand une bribe de phrase me fait réajuster l’attention : « …pour bien vieillir, il faut, entre autres… ».
Quoi ! il ne suffit pas de vieillir, ce qui n’est déjà pas marrant, mais il faut « bien » vieillir, se donner du mal, lutter, ramer, bannir la gourmandise, marcher même quand il pleut, monter les étages à pied, fuir le soleil, l’apéro, le farniente et tout ça pour qui s’il vous plait ? nos maris ( les compagnons sont souvent pires, j’ai mes informatrices) qui veulent encore épater, nos enfants bien sûr, que cela rassure, nos faux amis avec qui on est toujours vaguement en compétition, nos vrais amis dont on veut encore être dignes, nos mères (mais oui certaines d’entre nous en ont encore une) dont on attend la tendre et inconditionnelle admiration ou dont on redoute la « vanne qui casse »… et enfin nos petits-enfants qui nous ont toujours connues pleines d’entrain besogneux et de joyeuse bonne volonté.
Parce qu’être grand’mère aujourd’hui ce n’est pas une sinécure. C’est au temps de ma grand’mère qu’il fallait être grand’mère : elle ne prenait les enfants au moment des vacances qu’à six ans révolus, encourageait la grasse matinée et servait ainsi le café au lait qui caramélisait sur le coin de la cuisinière vers 10 heures 30. Ensuite le jardin était le lieu de toutes les distractions. Après le déjeuner, elle s’installait dans son fauteuil pour lire son courrier et écoutait son feuilleton à la radio. « Oui, oui, allez dans le bois, les enfants, et revenez pour sept heures.. » A notre retour, nous sacrifions au rite du bain de pieds, dînions, et allions nous coucher vers 21 heures. Elle montait alors tranquillement nous distribuer ses tendres baisers et les bonbons du soir au mépris de toute hygiène dentaire.
Mais nous… on sait conduire, faire du vélo, la cuisine, grimper dans les rochers, faire des puzzles, nager, jouer au badminton, à la marelle, à cache-cache, au scrabble, aux dominos, à cache-tampon…..
Si vous voulez faire une lecture jubilatoire sur ce thème contemporain, offrez-vous, je vous le conseille, « La Touche étoile » de Benoite Groult qui analyse avec un humour et une intelligence pleins de santé ce nouvel état de vieille dame que l’on se réjouit de constater « indigne ».
«La touche Etoile » est édité chez Grasset. Si vous préférez la jeunesse de Benoite Groult lisez ou relisez l’excellent « Journal à quatre mains » écrit en collaboration avec sa sœur Flora Groult. en 1962.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

ai lu ,n'ai pas ri si souvent ,
mais suis certainement trop jeune pour apprécier tout le sel de cet écrit....
belette malicieuse
et vous savez quoi ? reprendrai le bouquin dans trés ,trés longtemps !